"Le Livre des Rencontres" année 2008, réalisé en 10 exemplaires numérotés
par Robert
Le livre des Rencontres Plurielles 2008
Ce livre a été réalisé en 10 exemplaires numérotés les 29 et 30 mars 2008, devant les visiteurs du Printemps Poétique de La Suze.
Il comporte des poèmes de :
L’Atelier poésie du Collège de La Suze
Tahar Bekri
Danielle Fournier
Jacques Fournier
Brigitte Gyr
Michel Lautru
Pascal Leclercq
Jean-Louis Massot
Jean-Claude Touzeil
Ont participé à sa réalisation :
Françoise Albertini (calligraphe)
Patrick Cutté (calligraphe)
Cédrine Louise (illustration gravée)
Marc Louise (lithographe)
Annie Riou (papier artisanal)
Alfred Riou (typographe au plomb et impression)
Il caresse son poème
avec la plume d’un rêve
Il écrit des pensées de satin
sur la douceur des nuages
Il joue avec les larmes d’un piano
des notes de brume
et invente une berceuse
pour le soleil
Il sait rire d’un regard
le poète.
Atelier poésie du Collège de La Suze
Il y a dans le chant des enfants
des voix de lumières
inventées
elles ne se taisent pas
vont par-delà
jusqu’à plus loin
l’épaisseur du vent
devant le jour
Danielle Fournier
J’aime à m’asseoir dans le silence.
J’y croise parfois quelques amis
bien intentionnés.
Jacques Fournier
Main sur l’épaule nue
N’importe quelle épaule
Et les yeux s’illuminent
La bouche dit quelque chose
D’incompréhensible
Et le cœur
Probablement s’entrouvre.
Michel Lautru
L’épopée des nus
Ils arrivèrent sombres et nus
Aux portes de villes repues
Le ciel sourd aux étoiles
Les mouettes pour seule compagnie
Et des rêves comme des mirages
Remplis d’or et de défi
Ils échouèrent sur le large des côtes
Où le partage a couleur d’oubli
Où ton nom
Déroule sa houle
Dans les affres du sable humilié sans merci
O vieil océan
Quel gouvernail pour attendrir les vagues
Quelle mer pour recevoir les fleuves et les rivières
Mêler sel et douce source
Sans bois morts
Sans eaux troubles
Mais le limon
Fertile et fraternel
Tahar Bekri
un geste sur le papier des ombres
l’éternité d’un rire effacée
ne parle ni ne crie une craie effritée
passerelle tremblante entre corps et corps
prolonge remplace le vouloir
dans un lent tâtonnement
autrefois frappé de lave
glacé depuis dans l’attente du rien
corps éteint sans ce geste
condamné au gel
pas de geste pas d’amour
pas de geste pas de regard
pas de geste pas d’écoute
l’effondrement du monde
Brigitte Gyr, 9 février 2008 (inédit)
Ceci n’est pas une poésie
Ils sont venus pour lire des poèmes, non
pour parler ou boire avec les
gens. Juste pour lire leurs poèmes. Ils
n’aiment pas la salle ni la table derrière
laquelle ils se sont assis. Personne ne
les a accueillis comme ils l’auraient souhaité. Ils ne
se prennent pas pour n’importe
qui. Ils ne viennent pas de n’importe où. Ils
sont là pour lire leurs poèmes à
des gens qu’ils regardent de
haut. Finalement ils lisent et puis s’en vont. Les
gens ont écouté leurs poèmes mais personne ne
les a aimés.
Jean-Louis Massot
en travers de l’opaque obésité de la matière
le mystère est encore effilé qui englue
et ma main et mes traits d’encre
−le silence répercute en moi
Ses derniers souvenirs−
C’est pourquoi je vous veille
Abasourdi et les yeux pleins de dieux
Pascal Leclercq
Yeux tristes
L’unique raton laveur
du zoo de Montaigu-la-Brisette
−petit village de la Manche−
Aade grands yeux tristes
quand il réalise soudain,
entre deux inventaires
de visiteurs à plusieurs pattes
et sa chemisette à repasser,
qu’il est né un poil trop tard
pour croiser le chemin
de son voisin le poète…
Jean-Claude Touzeil